Monastère de la Grande Chartreuse
La création du Monastère de la Grande Chartreuse par (Saint) Bruno.
Bruno est natif de Cologne, mais commence se vie active à Reims en étant écolâtre (maître de l’école monastique ou de l’école cathédrale). En 1084, à 52 ans, Il quitte tout et vend ses biens. Avec des amis, il tente une première approche érémitique à Sèche-Fontaine, une dépendance de l'abbaye de Molesme en Bourgogne. Cette expérience ne lui suffit pas, "La forme de vie dont il rêve ne s'y trouve pas. Il lui faut la créer. Saint Hugues, évêque de Grenoble, met à la disposition de Bruno et de ses compagnons une 'solitude' dans le massif alpin de la Grande Chartreuse. Bruno y élabore ce qui deviendra la Règle des Chartreux, faite de solitude en cellule, de liturgies communes et de travail manuel."1Bruno reste 6 années en Chartreuse, puis à la demande du Pape Urbain II, il rejoint l'Italie pour être conseillé. Sa voie le pousse à renouveler sa vie d'ermite et fonde en Calabre un autre site cartusien.
Le site de la Chartreuse donné par Saint Hugues a une superficie de 15 000 ha. Bruno en fait le "désert". L'installation des chartreux est attestée par une charte dés 1086. L'évêque Hugues conforte cette idée de désert en rédigeant en 1100 une charte posant plusieurs interdits, comme celui du passage des femmes, des hommes armés, des troupeaux (passage ou pâturage), interdiction de la pêche et de la chasse. Cet espace devient clos, fermé par plusieurs portes, dont des accès naturellement rendus difficiles par certains sites encaissés et étroits comme Fourvoirie ou la porte de l'Enclos. Ainsi s'érige une troisième clôture (la cellule, l'enceinte du monastère et ce vaste espace clos). Le désert par des donations va s'agrandir de 1103 à 1129 avec des sites, eux aussi difficiles d'accès, comme Bovinant, l'Oursière, Currière et Curriérette. Ces limites sont actées par une bulle pontificale en 1133 et bornées avec le symbole du globe surmonté d'une croix. Ce modèle cartusien est repris à la suite pour construire les nouvelles chartreuses.2
A proximité de Saint-Laurent-du-Pont, Fourvoirie, un site particulièrement étroit marquant l'entrée des gorges du Guiers Mort. C'est l'une des portes d'entrée du désert où il suffit de peu pour en contrôler l'accès. Illustration de Jean-Jacques Champin, série de cartes postale "Route de la Grande Chartreuse en 1838"
A 3km de Saint-Pierre-de-Chartreuse se situe la Correrie, la maison basse. Jusqu'en 1679, c'est un lieu de résidence et de lieu de travail pour les frères convers (ou frères lais). Depuis 1957, La Correrie abrite le musée de la Grande Chartreuse. Pour les randonneurs, le parking est le départ vers le Petit Som par le col de la Ruchère, le Grand Som par le col de Bovinant, le belvédère d'Arpison par le habert de Billon.
C'est une agréable allée avec ses alignements d'arbres qui nous mène à l'entrée du monastère.
Après avoir quitté la Correrie, immédiatement, le ton est donné avec les contreforts du Grand Som en calcaire urgonien, tout comme la crête sommitale et l'arrête de la Suiffière.
L'emplacement du premier site où étaient construits des bâtiments en bois se situe à proximité de la chapelle Saint-Bruno et Notre-Dame de Casalibus. En 1132, une avalanche détruit ces premières constructions et tue plusieurs moines.
A l'approche du monastère de la Grande Chartreuse, ces falaises deviennent plus écrasantes. Cet angle est occupé par les bâtiments réservés au travail, forge, garage, anciennes écuries, ancienne distillerie et salle de préparation des plantes, menuiserie (photo ci-dessous). Alors qu'une majorité des toits du monastère sont en ardoises, ceux-ci sont recouvertes de tuiles.
Les bâtiments imposant de l'hôtellerie, dont les pavillons d'Italie et d'Allemagne
Sur le ruisseau Saint-Bruno descendant du col de la Ruchère, l'une des obédiences, un moulin recouvert de tavaillons.
L'entrée du monastère, derrière, se situe les chambres des prieurs.
Caractéristique du Monastère de la Grande Chartreuse, les toitures d'ardoises dont certaines viennent d'être restaurées. Entre 1320 et 1676, plusieurs incendies ont frappés ces bâtiments, et particulièrement les toitures, à cette époque, recouvertes alors de tuiles de bois.
Une partie des cellules des pères.
La Chapelle Saint-Sauveur, insérée dans le mur d'enceinte.
En s'élevant dans les prairies, Le Chamechaude se dévoile. C'est le point culminant du massif de Chartreuse avec ses 2082 m.
Des narcisses à l'envoutant parfum
A l'amorce de la Combe Bachais, le calvaire domine le monastère et offre une belle vue sur les sommets environnants.
La Chapelle Notre-Dame de la Salette à proximité de l'entrée
Plusieurs sources jaillissent des contreforts du Grand Som
La scierie, le toit est également recouvert en tavaillons. Indispensable, le bois de chauffage pour les longs et parfois rigoureux hivers de Chartreuse.
Lors de l'expulsion en 1903, Dom Michel Baglin et Dom Clovis quittent le monastère sous escorte en empruntant ce chemin. Les chartreux reviennent en 1940 après 37ans d'exil en Italie.
Le monastère et ses dépendances sont classés aux Monuments Historiques.
La liqueur de Chartreuse fabriquée à Voiron depuis 1936, voit en 2018 au regard de nouvelles réglementations, l'ouverture d'une nouvelle distillerie à Aiguenoire. C'est la septième distillerie à accueillir la fabrication du précieux breuvage à la composition secrète.
Documentation :
1 Saint Bruno, fondateur des Chartreux (✝ 1101)
2 Musée dauphinois, Le Grande Chartreuse, au-delà du silence, Ed. Glénat, p. 21, 22
Vue générale du monastère, Musée dauphinois, Le Grande Chartreuse, au-delà du silence, Ed. Glénat, p. 49, 50
Le monastère de la Grande Chartreuse, la lumière de Dieu
Monastère de la Grande Chartreuse : Fiche Mérimée PA00117265
Date de dernière mise à jour : 15/08/2023
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